L'émigration bretonne en Aquitaine

à partir de 1921

Pourquoi ? ... Comment ? ...


Les causes lointaines de l'émigration auraient joué à partir de 1840, lorsque les effets de l'industrialisation de la France à ses débuts se firent sentir dans ce qu'on appellera plus tard le « réduit breton ». Ce fut d'abord vers les grandes villes : Paris, Rouen, Le Havre qui offraient des débouchés pour les travaux pénibles ou encore vers les ardoisières d'Angers.

Il en fut ainsi jusqu'à la guerre de 1914.

Avec le retour de la paix, le déséquilibre entre le nombre insuffisant des fermes et le nombre des fermiers à pourvoir allait se creuser. Circonstance aggravante : le moratoire accordé pendant la guerre qui réglait le sort des baux de fermage tombait à échéance à la Saint Michel 1921. Il fait cesser à la même date les contrats qui, normalement, devaient prendre fin d'une manière échelonnée et répartis sur huit ans (1914- 15- 16- 17- 18- 19- 20- 21).

Assigner le même terme à 8 années de baux, c'était jeter une paysannerie déjà malmenée dans une course affolante pour l'occupation du sol. Les prix enflent, les propriétaires relevaient le prix des locations de leurs domaines du tiers, voire du double. La situation est critique.

De tous les départements bretons, c'est le Finistère, du fait de sa forte natalité, qui va être le plus atteint par la crise des fermes. C'est dans ce département, au sein de ses syndicats que vont surgir les hommes qui trouveront la solution au problème.

Dès 1920, François Ty Nevez, l'un des dirigeants de l'Union des Syndicats Agricoles du Finistère dont le siège est à Landerneau, prévoyait la crise qui allait sévir parmi les paysans bretons et préconisa des remèdes.
la famille PUECH, un des nombreux couples qui
firent le grand saut

Mais ce fut Hervé Budes de Guébriant, président du même organisme, qui prit l'affaire en mains en lançant le cri d'alarme au Congrès National des Syndicats Agricoles tenu à Strasbourg en Juillet 1920. Il fit part à ses collègues de toute la France de la crise qui allait sévir en Bretagne et demanda s'il ne serait pas possible de trouver des fermes dans d'autres régions de France. Cet appel fut entendu par les syndicalistes d'Aquitaine qui voyaient leurs terres tombées en frîches.

La Dordogne fût d'abord choisie comme terre de colonisation pour les premiers paysans finistériens contraints de quitter leur ferme. C'est en 1921 qu'arrivèrent les premiers convois dans la région de Périgueux. Le mouvement était lancé. Ce sera ensuite vers le Lot-et-Garonne que se dirigeront, venant de tous les départements bretons, d'autres migrants donnant naissance à ce qui sera la Colonie Bretonne d'Aquitaine. Entre 1921 et 1939 ce sont 1 200 familles soit environ 15 000 personnes qui ont quitté la Bretagne pour le Sud Ouest.

Angélique TAUDIERE-Le GALL


Saint Erwan vitrail de
Xavier de Langlais