Catherine de Francheville bienheureuse

1620 - 1689

Catherine est née à Truscat le 21 septembre 1620, au château de Truscat, à Sarzeau (Morbihan). À l’époque, la propriété des Francheville n’avait pas l’aspect actuel. La maison principale n’a été construite que vers 1700, et il y avait une maison forte qui datait du XV° siècle et qui était probablement à l’emplacement de l’écurie, aujourd’hui effondrée.

Il y avait déjà une chapelle où Catherine a pu prier dans son enfance devant un tableau de la Vierge, qui est encore dans la chapelle (photo ci-dessous) ; la chapelle a été rénovée par son père, Daniel, vers 1620, qui demanda à l’évêque l’autorisation d’y faire des offices: « dans la cour de sa dite maison de Truscat sous le nom de ‘’Chapelle de Monsieur Saint Joseph et de la Sacrée Vierge’’ car il est assez éloigné de l’église paroissiale de Sarzeau et « à cause de la rigueur du temps et indisposition corporelle, il ne peut si souvent faire ses prières et ouïr la sainte messe comme il en aurait le dévotion ». Le 30 octobre 1623, Monseigneur de Vannes lui accorde la permission demandée.



Catherine a prié devant ce tableau de la Vierge à l’enfant pendant son enfance à Truscat. Elle a emporté ce tableau à Vannes, où il est resté trois cents ans chez les sœurs de la Retraite.
Celles-ci nous ont restitué ce tableau vers 1993, lorsqu’elles ont venu leurs bâtiments.
Il a retouvé sa place dans le chapelle de Truscat.





Au mois de novembre 1656, Catherine de Francheville se dirige vers Rennes pour rencontrer celui qu'elle considère déjà comme son fiancé, René Rogier de Villeneuve, marquis de Callac. Elle arrive aux portes de la ville le 23 novembre, vers 11h du matin, et son carrosse est bloqué par un cortège funèbre, et elle apprend qu'il s'agit de son fiancé... Nous pouvons imaginer le choc qu'elle dut ressentir.
C'est à partir de ce moment que sa vie va se transformer ; elle resta plusieurs années à prier, méditer. Puis, à la suite de l’ouverture d’une maison de retraite pour les hommes à Vannes en 1662, Catherine a le grand projet de faire l’équivalent pour les femmes ; et elle accueille les premières retraitantes dans son appartement de la rue Notre-Dame à Vannes en 1665, grâce notamment à l’aide du père Huby, Jésuite. Pendant plusieurs années, Catherine accueille de nombreuses retraitantes.
Mais, quelques années plus tard, en 1670, le diocèse commence à se méfier de la mainmise des Jésuites sur les retraites de Catherine ; elle obtient cependant de pouvoir les continuer chez les Ursulines ; un bâtiment est construit, avec des clôtures pour l’isolement des retraitantes et l’activité peut reprendre en 1672.
Malheureusement, l’évêque suivant interdit ces retraites dix mois plus tard, reprochant encore l’emprise des Jésuites… Grâce à d’importantes médiations, l’évêque autorise la reprise des Retraites en 1674 dans le séminaire du Mené, loué par Catherine sur ses propres deniers, et progressivement elle achète des terrains et construit un bâtiment dans le faubourg Saint-Salomon.
L’œuvre de Catherine vise la conversion des âmes et s’appuie sur des exercices spirituels., qui permettent de corriger le passé et envisager l’avenir avec de fortes résolutions.
Le programme de chaque journée est chargée et commence dès 5 h du matin : visite au Saint-Sacrement, méditation, lecture pieuse de ‘’L’imitation de Jésus-Christ ‘’ ou des œuvres du Père Huby. Et Catherine enseigne avec des ‘’peinture morales’’ que l’on appelle des ‘’Taolennoù’’, qui sont douze tableaux représentant le combat de l’âme entre le bien et le mal.



En octobre 1675, Catherine fonde « la communauté des filles de la Vierge » ; il s’agit de dévotes filles ou veuves, au service du fonctionnement et de la permanence de son œuvre, sans hiérarchie et mères supérieures, mais directement sous la juridiction de l’évêque du diocèse : les filles de cette communauté ne sont pas cloitrées, ne portent pas d’habit particulier, ne portent pas de nom de religion, et on les appelle seulement ‘’Mademoiselle’’ ; elles ne prononcent pas de vœux solennels. Autant de dispositions toutes novatrices, assez révolutionnaires. Catherine de Francheville meurt en 1689, à 68 ans.
Aujourd'hui son corps et son cœur reposent dans la crypte de la cathédrale Vannes.


Benoit Goullin