Présentation de l'église de Sarzeau le 24 mai 2019

par Mikaël de Langlais


Le baptême du Christ, 1936

En choisissant Sarzeau comme point de départ de notre circuit des églises décorées par Xavier de Langlais, nous suivons l’ordre chronologique des œuvres religieuses peintes dans le Diocèse.
Mais c’est aussi à Sarzeau qu’est né Xavier de Langlais en 1906 à la Madeleine, maison que ses parents avaient louée pendant la construction de Kohanno en SURZUR où ils s’installeront définitivement.

Si son œuvre religieuse a commencé en 1931, c’est dans cette église en 1936 que commence celle que je préfère.
Quelques mots sur l’origine et l’histoire de cette église vouée à Saint Saturnin.
Avant cette édifice, restaurée en 1879, il y a eu plusieurs églises. La première date de l’époque romane et devait être du style de Saint-Gildas-de-Rhuys. On suppose que c’est au cours de la guerre de succession ou guerre de 100 ans que les Anglais l’ont détruite. On a retrouvé aucune trace. En 1648 -1670 un nouvel édifice de style Renaissance est construit au même emplacement, la tour carrée date de cette époque. À la Révolution Sarzeau est très agité et divisé : l’Église désaffectée en fait les frais et sert de greniers. Seuls des vases sacrés sont sauvés et mis à l’abri par des paroissiens, on peut les admirer car ils sont exposés dans une vitrine sur le mur Nord, ils datent du 18e siècle et sont très beaux. En 1802 après le Concordat la municipalité décide de réhabiliter l’Église et d’entreprendre des travaux extérieurs pour 10 000fr en particulier la toiture. Ce n’est qu’en 1877 que la restauration de l’intérieur sera entreprise pour aboutir à l’édifice que nous visitons.
Avant de passer à l’œuvre de Xavier de Langlais je voudrais vous signaler que la Paroisse possède quelques tableaux intéressants dont des œuvres de Poussin ou plutôt de ses élèves. Ils ont été vus et corrigés par le maître. Classés Monuments Historiques, restaurés il y a quelques années ils n’ont jamais été raccrochés et sont stockés dans la tour de l’église.

Au décès de notre Père en 1975 nous avons retrouvé son Journal où il notait régulièrement ses travaux et les expérimentations techniques qu’il réalisait et elles furent nombreuses. Ce qui lui permit de rédiger quelques années plus tard « La Technique de la peinture à l’huile » éditée chez Flammarion en 1959.

L’année 1936 fut particulièrement chargée, il exécute les chemins de croix de La Baule et de Trezelan et livre à Sarzeau le tableau du Baptême du Christ par Saint Jean-Baptiste. Sur son journal on trouve des notes particulièrement intéressantes sur ses travaux.
La commande passée en août 1936 par le Curé de Sarzeau, il commence ses recherches. Il note : "J’ai trouvé en quelques instants la composition du Baptême du Christ et réalisé une maquette "Le balancement des masses est à conserver exactement." Plus loin il dit utiliser du contreplaqué de chêne et l’entoiler avec un tissu de lin couvert de plusieurs enduits Fin août, il commence l’agrandissement de la maquette par le nombre d’or bien sur. Le nombre d'or ou proportion dorée, est une proportion, définie initialement en géométrie comme l'unique rapport entre deux longueurs telles que le rapport de la somme des deux longueurs sur la plus grande soit égal à celui de la plus grande sur la plus petite . Le 1er septembre il écrit : "j’ai achevé aujourd’hui l’esquisse. Malgré la proportion ingrate du cadre imposé l’harmonie y est grâce au nombre d’or Je pense aller assez loin sans modèle ayant fait poser G. de B. son cousin germain pendant son séjour à Kohanno". Plus loin il signale qu’une bande de terrain ne lui plait pas mais il y remédie et dit : " je tiens l’harmonie générale du Baptême du Christ "Le 26 Octobre : Le tableau de Sarzeau est livré, je dois le mettre en place demain la matière que j’ai obtenue sur préparation « apprêt sur fond Lefranc » est assez mural et très mat sous un jour frisant "En plus dans ce coin mal éclairé où il doit vieillir et pourrir je ne sais ce qu’il donnera… de toutes façons moins bien qu’il ne devrait !"

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Tableau photographié avant sa restauration en octobre 2021


Après ces observations relevées dans son journal, je voudrais revenir sur la composition de l’œuvre qui représente le baptême du Christ par Jean-Baptiste. Dernier prophète avant la venue du Christ il fait le lien entre l’ancien et le nouveau testament. C’est au désert qu’il baptiste le Christ, on voit une foule dans l’attente de recevoir le baptême. On retrouve les symboles souvent utilisés dans des tableaux anciens représentant le baptême de Jésus : la Colombe, le triangle représentant la Trinité, la coquille Saint-Jacques et son bâton. La dévotion à Saint Jean-Baptiste est très ancienne et il la doit au fait qu’il a été le premier martyr de la chrétienté décapité par Hérode. Dans l’ancienne église de Sarzeau il y a eu longtemps un autel consacré à Saint Jean-Baptiste celui de la chapelle Sud mais c’est Sainte Anne très vénérée en Bretagne qui l’a remplacé.

Mikaël de LANGLAIS

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