La Petite Hollande

sur l'île FEYDEAU


NANTES

La constitution de l'ensemble est un exemple très intéressant de la conception moderne d'un "lotissement" privé. En 1721 un plan détaillé de l'île, appelée alors grève de la Sauzaie, fut réalisé par Delafond (ingénieur en chef du Roi) et un arrêté du Conseil d'Etat autorisait la ville de Nantes à utiliser l'île "à titre d'arrentement". En 1723 Goubert proposait de diviser l'île en 24 parcelles afin de faire construire par des actionnaires des "maisons régulières avec une façade uniforme".
C'est bien un projet d'ensemble avec des contraintes architecturales (baies cintrées au dessus de l'entresol, grands balcons en fer forgé), construction de quais et d'un pont ! qui est proposé dès le départ ; à ce projet on donne le nom d'Ile Feydeau.


Projet GOUBERT, 1723
Cliché Ch. Hémon, Musée DOBREE, Nantes - 44 - Cliquer sur l'image pour avoir une vue d'ensemble

La structure du terrain ne permet pas au chantier de démarer immédiatement, car cela nécessite l'enfoncement d'une multitude de pieux, aussi l'ingénieur Garsay de Dambois conseille une solution plus économique: des couches de madriers imputrescibles.
Le plan initial ne sera pas complètement respecté, 17 ans plus tard seuls 2 immeubles étant construits, le Conseil du Roi autorise "l'élévation que supportera la nature du terrain, sans s'arrêter au plan primitif". 
La même dérive se fait au niveau de l'usage des immeubles, après 1770 les batiments sont visiblement des "immeubles de rapport":

- le rez-de-chaussée est occupé par des boutiques, des écuries, des remises et des logements modestes,
- l'entresol: des logements peu fortunés,
- premier, deuxième et troisième étage sont occupés par de vastes appartements loués à des rentiers, négociants, médecins et hommes de loi.
- dernier étage découpé en pièces uniques louées aux indigents, personnes modestes et même misérables.

Elévation d'une des 4 maisons projetées, Plan GOUBERT

La spéculation s'est invitée au tour de table, certains investissuers ont acheté plusieurs lots et ont quadruplé leur mise !

Parmi les premiers acheteurs on trouve: Valton pour 2 parcelles, Charron, de Villestreux, Rousseau pour 2 parcelles, Doudet, Le Roux pour 2 parcelles, Groux pour 2 parcelles, Greslin et de Beauvais Rozeau, Berrouette, etc... on ne trouve ni Michaud, ni Peltier-Dudoyer, étaient-ils locataires ? il est décédé le 6 ventôse "à cinq heures du soir en sa demeure située section 10ème place Scevola", la 10ème section dite Scevola correspondait à l'Ile Feydeau. Les dénombrements de population ne commençant qu'en l'an 12, aucun document ne permet d'affirmer son état de propriétaire.

Plus de 200 ans après certains immeubles sont encore occupés par des descendants directs des premiers acheteurs !

-Parcelle 14, au 7 quai Dugay-Trouin, au recensement de 1814 le propriétaire est un Pichelin.

-Parcelle 24, 1 place de la Petite Holande, le 17 janvier 1785 François Claude Charon vend 1/3 de la maison, rez-de-chaussée et entresol à un très riche négociant nantais Mathurin Barthélémy Trottier. Charon avait tout de même gardé le terrain 60 ans et fait construire, on ne peut pas parler de spéculation dans ce cas.

Le pont prévu par Goubert devait donner beaucoup de soucis aux actionnaires, il s'écroula le 4 juillet 1729, il fallu le reconstruire, heureusement en 1737 le Conseil du Roi décida qu'il serait entretenu par la ville.



Sources:

- "Bulletin de Nantes et Loire-Atlantique", Sté Archéologique et Historique, Tome 119, Année 1983.

- Catalogue "ICONOGRAPHIE DE NANTES" d'après les collections du musée Dobrée, par Madame COSNEAU.

- et Archives Municipales de la Ville de Nantes.

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Jean PELTIER-DUDOYER

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